Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Presquevoix...
Archives
23 décembre 2009

La séparation (gballand)

Il était revenu prendre tous les cadeaux qu’il lui avait faits,  il avait même emporté la jupe à volants achetée pour son dernier anniversaire. Elle s’était contentée de remarquer :
- Et si la prochaine n’a pas la même taille ?
Cinglant, il lui avait répondu :
- Elle fera quand même l’affaire, il y a un élastique à la taille !
Elle ne put réprimer un « Connard ! », discret, à son adresse. Avant de fermer la porte de la maison, chargé de sa valise pleine à ra bord, il  gueula  :
-  Et le connard souhaite bien du plaisir au prochain connard ! Puis il claqua la porte.

22 décembre 2009

Les enfants (gballand)

Quand son fils rentra avec trois heures de retard, il ne lui dit rien mais il éructa à l’adresse de sa femme :

- Les enfants ? Qu’est-ce que ça t’apporte les enfants, hein ? Que des emmerdes, c’est simple ! Je te le dis, moi, vaut mieux élever des chiens, ils connaissent pas leur bonheur ceux qui ont des chiens !

21 décembre 2009

Le saut (gballand)

Q101_0110J’hésite. Assis sur le petit promontoire  je regarde les touristes qui se prennent en photos. Pourquoi vouloir fixer l’instant sur des clichés trompeurs ? Moi ma tête tourne, tourne et tourne ; je ne vois que le vide, je suis l’instant happé par le vide, je suis le vide.
13 h 30, ils sont tous partis, c’est l’heure où les hommes s’attablent aux terrasses des cafés et nourrissent le vide de leur âme de bavardages futiles. Si je saute, c’est maintenant. Est-ce que je serai le premier à sauter d’ici ? Le premier à m’envoler de la Basilique pour atteindre l’éternité ? N’y a-t-il pas quelque chose de beau à être le premier à faire un geste extrême ? Quand je m’écraserai au sol les touristes  presseront leur anonyme compassion autour de mon corps désarticulé. Je serai la piqûre de la mort qui les rappelle à la vie… j’aurai fait œuvre de charité.

PS : photo de C.V. prise à Venise en 2005

20 décembre 2009

La carte de vœux (gballand)

Son neveu lui avait encore envoyé ses vœux de bonne année, quelle plaie, elle en était encore quitte pour une carte ! Elle se mit au travail sur la table de la salle à manger débarrassée des vestiges du repas. Elle alla chercher sa carte de vœux, sa règle, son crayon à papier, son stylo noir, sa gomme et elle se mit au travail comme l’élève studieuse qu’elle n’avait jamais été. La langue entre les lèvres, elle s’appliquait à tracer les lignes qui lui permettraient d’écrire les traditionnels vœux de fin d’année recopiés consciencieusement d’une année sur l’autre : « Cher Marc, merci de tes vœux, reçois en retour les miens, et surtout une bonne santé. Grosses bises. Monique » Une fois son prénom écrit, elle effaça les traits au crayon du mieux qu’elle le pût. Elle donna un dernier petit coup de gomme, pour la forme, puis elle contempla l’ensemble avec un sourire satisfait. Oui, c’était du bel ouvrage. Elle espérait juste que l’année prochaine, il oublierait de lui envoyer ses vœux…

19 décembre 2009

Théâtre (gballand)

Quand j’ai demandé à Hélène pourquoi elle avait décidé de faire du théâtre, elle m’a répondu : c’est quand même mieux que de passer la soirée avec mon mari !

18 décembre 2009

La chevelure (gballand)

Sur le blog je-double,  un texte de gballand illustré par un photomontage de Patrick Cassagnes. Si vous voulez savoir quel effet peuvent avoir des cheveux de femme chez un homme, c’est ici !

17 décembre 2009

Résiste…(gballand)

Déjà cinq jours qu’il ne lui téléphonait plus : une victoire. Résister, coûte que coûte, mais comment ne plus entendre sa voix, ses reproches, son désamour  ? Pour tenir,  il écoutait France Gall en boucle. « Résiste, prouve que tu existes, cherche ton bonheur partout » se chantait-il toute la journée à voix basse au point que ses collègues de travail lui avaient demandé s’il allait bien…
Soudain, son téléphone sonna et il se rua dessus :
- Allô ! Haleta-t-il.
- C’est moi, se contenta de dire la voix au téléphone
- Oui, je sais ce que tu vas me dire, je ne t’ai pas appelé parce que… oui, moi aussi… oui… moi aussi je t’aime… non je t’assure que… mais comment peux-tu m’accuser de… non… non, écoute-moi ! … Je te dis que… Mais comment peux-tu me dire que je suis égoïste moi qui… Allô, Allô !
Une fois de plus on lui avait raccroché au nez.
« Résiste, prouve que tu existes », tenta-t-il de fredonner d’une voix éteinte…

16 décembre 2009

Prison (gballand)

Quand on lui  demanda comment il vivait l’enfermement, il  répliqua : «  Je suis allergique à la liberté. »

15 décembre 2009

Les volets fermés (gballand)

voletsIl y a longtemps que ces volets sont fermés. C’est là qu’elle a vécu. Qui se souvient encore d’elle ? Elle n’ouvrait jamais ses volets, ou si peu, juste le matin, très tôt, pour voir la couleur du ciel, puis elle les refermait. Le ciel, elle ne l’aimait plus depuis très longtemps. Personne ne savait  comment elle s’appelait, ni comment elle vivait, ni comment elle était arrivée là, mais samedi, on l’a vu partir allongée sur une civière, le corps recouvert d’un drap blanc. Sur son passage on a chuchoté des « Si c’est pas malheureux ! » ou « Si on s’était douté !», des mots de pure forme, des mots sans fond, des mots que l’on ressortait de tiroirs poussiéreux juste pour se donner l’air de…

* Photo publiée avec l'aimable autorisation de Patrick Cassagnes

14 décembre 2009

Âge (gballand)

Il avait 25 ans de moins qu’elle, elle 25 ans de plus que lui. Elle avait décidé de rajeunir, par orgueil. Il avait décidé de  se vieillir, par amour. Maintenant, on leur donnait presque le même âge.

<< < 1 2 3 4 > >>
Presquevoix...
Newsletter
10 abonnés