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8 octobre 2009

Le jour où je suis morte (gballand)

Sur le blog je-double, un texte de gballand, illustré par un photomontage de Patrick Cassagnes :

« Le jour où je suis morte, je n’étais pas au meilleur de ma forme. Il faut dire que j’avais passé la semaine à chercher une solution à un problème insoluble… » (la suite)

7 octobre 2009

On (gballand)

Il se trouvait des excuses pour tout. S’il n’y arrivait pas, c’était toujours de la faute des autres, des choses ou du destin. Il n’avait jamais été responsable de rien, il n’y était pour rien.
Si on lui avait laissé le temps, si on lui avait  expliqué, si on l’avait compris, si on l’avait accompagné, si on l’avait aimé, si on l’avait… sa vie aurait changé. Si, si et si  n’ont jamais fait la vie mais il ne changeait pas d’avis. On l’avait écarté, on l’avait brimé, on l’avait contraint. On lui en voulait : et comment pouvait-il lutter contre  ON ?

6 octobre 2009

Je partirai (gballand)

P8130537Demain je partirai, oui demain. Demain sera un autre jour. Je ne me laisserai plus corrompre par  l’habitude. Je larguerai ma béquille. Le regard fixé sur l’horizon, je n’écouterai que le souffle des voiles où s’engouffre le vent du voyage. Je roulerai, toujours. Je n’aurai pas de carte, je n’aurai pas de boussole, je n’aurai que le point cardinal de mon désir. Je n’écouterai pas ceux qui chuchoteront « A la moindre bourrasque, elle reviendra, tu verras. ». Je resterai sourde aux moqueries de ceux qui restent au port. Demain je partirai, demain.

* texte écrit à partir de cette photo de C.V. prise en Bretagne en août 2008

5 octobre 2009

Comment mettre fin au stress ? (gballand)

J’ai trouvé hier comment ne plus être stressée en cours. Cela semble simple, tout au moins la publicité l’assure. Il s’agit d’une huile essentielle qui contient un anti-stress naturel. On la vaporise dans la pièce - dans la salle de classe en ce qui me concerne – et hop, le tour est joué. C’est le Dr Goëb qui le dit, alors… Et lorsque les vertus apaisantes des merveilleuses essences auront fait leur effet, non seulement je ne serai plus stressée, mais les élèves non plus ; et s’ils s’assoupissent, ce n’est pas grave, au contraire. Je me demande d’ailleurs si je ne devrais pas prendre deux flacons, au cas où, parce que dans la classe à laquelle je pense, il y  a quand même 23 élèves, ce ne serait pas de trop…

4 octobre 2009

La leçon (gballand)

Pagenasle_onÊtre propre et se tenir droit*, tout est là, ce n'est quand même pas difficile ! C'est ce qu'il se répétait encore à 50 ans passés, où qu'il fût et avec qui il fût. Il n'avait jamais  oublié les leçons de son enfance.

Ce jour-là, celui de l'enterrement de sa mère, il était très propre dans son costume sombre et il se tenait bien droit sur le banc de l'église. Il ne manifestait aucune douleur apparente. Il faut dire que cette mort il s'y attendait, et elle aussi : 90 ans, n'est-ce pas un bel âge pour mourir ? Peut-être avait-elle même un peu trop tardé à son gré, mais il n'osait  se l'avouer. A la fin de sa vie elle radotait et somnolait beaucoup ;  il avait dû espacer ses visites à la maison de retraite. Il ne passait  plus qu'une fois par jour et non deux comme au début.

A la sortie de l'église, il eut la surprise de la voir, elle, celle qu'il avait  aimé du temps de ses  20 ans. Elle vint lui présenter ses condoléances derrière Madame Brard, l'ancienne voisine de sa mère. Il eut  l'impression qu'elle  abandonnait sa main dans la sienne pour qu'il la lui pressât, ce qu'il fit, avec chaleur. Il en eut presque honte. Se comportait-on ainsi le jour de l'enterrement de sa mère ?

Il supporta les condoléances avec un stoïcisme bienveillant mais se rendit compte qu'il la guettait du coin de l'œil. Être propre et se tenir droit, se répétait-il pour éloigner de lui un désir qu'il sentait monter de loin... Pouvait-on désirer une femme le jour de l'enterrement de sa mère ? Il recomposa son visage et ne pensa plus qu'à sa mère, une femme de tête, une femme de cœur, une femme comme il n'en existait plus aujourd'hui. Elle lui avait sacrifié sa vie, et lui aussi. Être propre et se tenir droit, oui il avait toujours été honnête envers sa mère et  s'était  interdit des sentiments qu'elle aurait réprouvés. Seulement maintenant, elle était morte.

Il  regarda à nouveau, furtivement, l'amour de ses 20 ans. Elle se tenait en retrait, derrière le petit mausolée de marbre rose que sa mère avait souhaité comme dernière demeure. Elle lui semblait  aussi belle, juste un peu plus ronde qu'alors mais ses rondeurs lui seyaient. Il se serait volontiers laisser envelopper dans la chaleur de sa chair. Quand il l'avait présentée à sa mère, trente ans plus tôt, celle-ci lui avait dit d'une voix qui n'admettait aucune réplique :
- Tu as vu comme elle se tient mal ?  Négligée à 20 ans, repoussante à 50 ! Être propre et se tenir droit, n'oublie jamais ça !

Ils ne s'étaient plus jamais revus.

* extrait de l’enfant, de Jules Vallès. Le texte est illustré par une photo de Patrick Cassagnes.

3 octobre 2009

Prospection (gballand)

Maintenant, quand on l’appelait au téléphone pour lui proposer des assurances, des réductions d’impôts, de la porcelaine ou des cuisines intégrées, après le traditionnel :
- Allô, je suis bien chez Madame Durand ?
Elle répondait d’une voix sèche :
- Madame Durand est morte ! Ce qui provoquait immanquablement un  “ excusez-moi... ”.
Elle finirait bien par avoir la paix, un jour.

2 octobre 2009

La dernière séance (gballand)

P1010234C’est là que nous avons joué notre dernière séance. Après, je ne l’ai plus revu. Il faut dire que je connaissais parfaitement mon rôle…

PS : photo prise par C.V. à Bruges

1 octobre 2009

La pelleteuse (gballand)

- Je te dis qu’on le fera avec une pelleteuse, celle du chantier.
C’est avec ces mots que Gérard avait convaincu Tony. Imparable la pelleteuse, il n’y avait que Gérard pour avoir des idées aussi brillantes, Gérard savait penser.
Ils choisirent le guichet automatique de la poste, celui qui se trouvait près de la place de la République, plus facile d’accès et plus tranquille. La nuit était belle, un peu fraîche et cette fraîcheur nouvelle annonçait la rentrée avec le poison des factures et des arriérés de loyers à payer.
Gérard avait toujours su trouver des solutions à tout, il avait de la chance d’avoir un ami comme lui.
- On se fait un guichet et après putain, après je me tire au bout du monde, avait dit Gérard.
Dans ses moments de délire, Gérard oubliait toujours Martine, sans doute parce qu’elle avait la sale habitude de  lui remettre les pieds sur terre.
A 21 heures, la pelleteuse de Gérard s’arrêta au coin de la rue des martyres, Tony monta et à 21 h 30, après un carnage innommable, l’engin
réussit péniblement à arracher  le guichet automatique de la poste. Gérard s’énervait et hurlait comme un malade après sa pelleteuse récalcitrante.
- Putain de connasse de pelleteuse ! Toutes les mêmes, on leur demande de vous sortir de la mouise et elles vous foutent dedans.
Sur le retour, Gérard conduisait sa pelleteuse comme un fou et Tony était blême. Sûr qu’il avait dû s’engueuler avec sa femme juste avant de partir. Il pensa qu’il allait les envoyer au trou avec ses conneries. Une fois dans la rue de la République, Tony beugla :
- Arrête-moi là, je continuerai à pieds.
Une initiative qu’il ne regretta pas. Une demi-heure plus tard, Gérard se faisait arrêter par la police…

PS : histoire inspirée d’un court fait divers lu dans Libération (05/09/09)

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