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10 septembre 2009

Le maillot de bain (gballand)

Sur le blog « je-double », un texte – le maillot de bain - de  G.Balland, illustré par un photomontage de P. Cassagnes (www.sucrebleu.com)

9 septembre 2009

Le divorce (gballand)

Ce samedi-là, à 20 h précisément, il sortit de chez lui en bleu de travail et entra dans son garage d’un pas décidé. Il réapparut en brandissant une tronçonneuse dans sa  main  droite et en criant à plusieurs reprises « Elle va voir ce qu’elle va voir ! Elle va voir ce qu’elle va voir !… » accompagnés de rires hystériques. Puis, il disparut aussi sec à l’intérieur de sa maison. Quand la police interrogea le voisin, celui-ci raconta que la tronçonneuse s’était mise en marche dès 20 h 15 pour ne plus s’arrêter qu’à  minuit, d’où le coup de téléphone et la plainte.
En se rendant sur les lieux, la police avait retrouvé l’homme au bleu de travail assis dans sa salle à manger, en sueur, à côté de sa tronçonneuse. La pièce était sens sus dessous, avec des rivières de sciure sur le carrelage blanc. Le canapé, la table de la salle à manger, les six chaises et le buffet avaient  été coupés en deux parts égales. Les policiers n’avaient jamais vu ça.
Quand il demandèrent à l’homme la raison de son  acharnement  celui-ci répondit simplement :
- Elle voulait un partage des biens, la salope, elle l’a eu !

* inspiré très librement d’un fait divers lu dans  Libération ( 26/08/09)

8 septembre 2009

La miette (gballand)

A chaque fois qu’elle nous invitait, j’étais tendue et je me surveillais en permanence, surtout à l’apéritif. Il ne s’agissait pas que quelque chose tombe par terre. La pelle et la balayette attendaient toujours dans un coin, non loin d’elle, et à la moindre miette elle s’avançait, une banderille dans chaque main, prête à donner l’estocade afin de faire disparaître immédiatement l’objet du délit.

7 septembre 2009

Toucher l’instant (gballand)

Je savais que cette année la rentrée serait difficile, c’était écrit, mes intestins ne me trompent jamais. La liste de récriminations était longue, comme à l’habitude : Le boulot, les cons, les embouteillages, les factures, le stress de l’école – c’est mon fils qui y va mais c’est moi qui ressens les symptômes – les voisins dont la connerie mitoyenne me donne des allergies, et j’en passe. Hier, j’ai eu le malheur de parler de tout ça à mon nouveau collègue de bureau qui a cru bon de me donner la solution à tous mes problèmes : « Toucher l’instant » ! Il l’a dit d’un ton tellement mystique que j’aurais pu en rire. Je l’ai vite fait revenir sur terre :
- Rien à foutre de l’instant, que je lui ai répondu, moi ce que je veux c’est la paix éternelle.
Il ne s’est pas démonté, m’a planté son regard gris acier dans les yeux et m’a dit froidement.
- Eh bien suicide-toi !
Je dois dire que là, il m’a pris de court. Personne ne m’avait encore jamais répondu ainsi. Depuis, étrangement, je vais mieux.

PS : texte écrit dans le cadre de l’atelier des « impromptus littéraires »

6 septembre 2009

Le chapelier (gballand)

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Elle était d’abord tombée amoureuse de la vitrine du chapelier, puis du chapelier, comme si l’un ne pouvait aller sans l’autre. Si le chapelier avait eu un fils, elle serait peut-être tombée amoureuse de son fils mais tel n’était pas le cas. Le chapelier vivait seul et  n’avait pas eu d’enfants.
C’est lui qui lui avait fait signe d’entrer dans la boutique. Elle avait accepté, timidement d’abord, puis elle était passée tous les jours. Il lui parlait de chapeaux, elle lui parlait d’amour, de ses amours perdus. Lui parlait de ses chapeaux avec amour.
- Un amour qui ne s’est jamais démenti pendant 25 ans, crut-il bon de lui préciser.
Elle lui répondit que 25 ans de fidélité, c’était énorme, qu’elle, elle n’avait jamais réussi à être fidèle plus d’un an. Il sourit amusé. Cette jeune femme aurait pu être sa fille. Après un mois de visites quotidiennes ou presque, il voulut lui offrir un chapeau. Elle refusa. Il s’en étonna.
- Je n’accepte jamais de cadeaux matériels, précisa-t-elle, mais  vous pouvez m’offrir autre chose.
Il rougit. Que savait-il des femmes ? Ne les avait-il pas toujours un peu fui, préférant modeler des chapeaux pour leurs têtes graciles et laisser leurs corps aux mains des autres hommes ? Non, les femmes non.
Plus il résistait, plus elle insistait, le poussant dans ses derniers retranchements. Ne comprenait-il pas ? Elle finit par s’énerver :
- Je m’offre à vous et vous me repoussez ?
Il la regarda, presque effrayé :
- Je ne crois pas que… Enfin, vous méritez mieux que moi. Je suis juste bon à faire des chapeaux vous savez, alors que vous, vous êtes promise à de belles choses. Je suis sûre que vous seriez déçue et…
Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase. Dépitée, elle sortit du magasin en faisant violemment tinter la petite sonnette.

PS : texte écrit à partir d’une photo de C. V.

5 septembre 2009

Hennir ou ne pas hennir (gballand)

Sur le blog « je-double » un photomontage de P. Cassagnes (www.sucrebleu.com), illustré par un texte – Le cheval et l’enfant - de  G.Balland.

4 septembre 2009

L’erreur (gballand)

Lorsque la sonnerie retentit, elle faillit ne pas répondre, il y a tellement longtemps qu’on ne lui téléphonait plus. Elle  laissa sonner 7 fois puis elle décrocha. Après quelques secondes de silence, elle répondit que c’était une erreur, que non, elle n’habitait plus là où on disait qu’elle habitait et qu’elle ne voulait plus être dérangée.
Une fois le téléphone raccroché, elle s’assit dans son fauteuil, ferma les yeux et se dit qu’elle allait enfin être tranquille.

3 septembre 2009

Les vœux (gballand)

Je n'obéis aux vœux de chasteté que lorsque je porte la soutane*, voilà comment je me suis justifié, mais ma hiérarchie n’a rien voulu entendre. On m'a demandé des comptes. J'ai répondu que tout homme avait des besoins et j’ai ajouté que Dieu, dans sa grande bonté, ne souhaitait certainement pas soumettre ses serviteurs à la torture de l'abstinence  24 heures sur 24. L'évêque m'a signifié que je péchais par vanité.
- Avec combien de femmes avez-vous forniqué mon fils ? m'a-t-il demandé.
J'ai refusé de répondre. L'évêque s'est fâché, moi aussi, le ton a monté et c'est là que Dieu est intervenu en prenant fait et cause pour moi. L'évêque n’en croyait pas ses oreilles. Dieu  a renvoyé l'évêque à la lecture des évangiles. Le problème, c'est qu'ensuite Dieu est parti et que je suis resté  seul…

* Phrase attribuée à Fernando Lugo, actuel président du Paraguay et ancien évêque.

2 septembre 2009

Le déjeuner (gballand)

Avant-hier, ma belle-mère a téléphoné pour demander ce que mon mari et moi souhaiterions manger au repas de midi. Plutôt de la viande, ai-je répondu. Résultat : elle nous a fait du poisson.
Décidément, je ne comprendrai jamais ma belle-mère.

1 septembre 2009

La décision (gballand)

falaiseIl avait contemplé les falaises pendant cinq jours. C’est en contre plongée qu’elles étaient le plus impressionnantes. Ce petit séjour à Etretat l’avait apaisé ; savoir qu’il y avait si peu de la vie à la mort était un baume sur sa plaie.
En haut de la falaise, à plusieurs reprises, il avait senti qu’il pourrait se laisser porter, comme ces oiseaux qui tournoyaient au large. Il lui suffirait d’ouvrir son imperméable, de laisser s’envoler les  pans de tissus qui lui tailleraient deux ailes grises et de penser à la mer qui aspirerait son corps.
Ces quelques jours passés au « Dormy house », campé sur  la falaise, avait été fort agréables. En d’autres temps, sa modeste solde lui aurait interdit cet hôtel de luxe.
  Il avait choisi l’une des chambres les plus chères, face à la mer, et avait même dîné chaque soir dans le restaurant panoramique qui offrait des menus aux mets raffinés. Non, il ne s’était privé de rien. Maintenant qu’il avait pris sa décision, l’argent ne signifiait rien.
Il sauterait le dernier jour, le vendredi, et n’avait qu’un regret, celui de ne pas avoir parlé à cette femme qui depuis trois jours s’asseyait seule dans la salle de restaurant, non loin de lui et qui, elle aussi, se promenait  sur les falaises revêtue d’un imperméable où le vent s’engouffrait  à plaisir.

PS : photo gentiment prêtée par Pierrick, du blog croklaphoto /

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