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Presquevoix...
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11 avril 2009

La coiffeuse (gballand)

Aujourd’hui je suis allée  me faire couper les cheveux. La coiffeuse m’a demandé.
- Vous faites quoi comme profession ?
Je lui ai dit.
- Et vous ?
Elle n’a rien répondu. Je n’aime pas qu’on me parle quand on me coupe les cheveux.

10 avril 2009

Un conte philosophique ? (gballand)

Voici, traduit du portugais par mes bons soins, ce petit conte savoureux qui m’a été envoyé, mais dont je ne connais pas l’auteur. Vous en ferez je pense bon usage :

Dialogue entre un maître et son disciple.

- Maître, comment puis-je faire pour devenir sage ?
- De bons choix, lui répondit-il
- Mais comment faire de bons choix ?
- L’expérience, lui répondit le maître.
- Et comment acquérir l’expérience, maître ?
- En faisant de mauvais choix.

9 avril 2009

Les rillettes de caniche (gballand)

Il n’arrêtait pas d’aboyer, l’odieux caniche, impossible de se concentrer sur Libération. Elle avait déjà fait une remarque à la propriétaire, une femme plissée et fardée jusqu’aux yeux, mais celle-ci l’avait vertement remise à sa place. Etait-elle la seule à être exaspérée par ce ridicule roquet au manteau rouge que sa  maîtresse bichonnait comme un jeune amant ?

L’animal continuait à criailler de sa voix suraiguë, elle n’en pouvait plus. La propriétaire  grattait amoureusement la tête des sa bestiole  en murmurant de sa voix sucrée « doucement mon coco, doucement, on va bientôt sortir, calme-toi. »

Elle sentait bien, depuis quelques mois, qu’elle développait une inquiétante allergie aux chiens. Elle en avait d’ailleurs averti son médecin traitant mais il avait pris l’affaire à la légère.

- Ça passera, l’avait-il assurée. Le chien est l’avenir de l’homme, regardez autour de vous, vous aussi vous y viendrez !

 
Mais elle n’y venait pas. Elle regarda la vieille d’un air mauvais, tenta une dernière réplique, sans succès.  Lorsque le caniche recommença à donner de la voix, pour un nouveau solo, elle ouvrit calmement son sac, en sortit un petit pistolet argenté et abattit la bête qui s’écroula sur le sol. Elle constata avec satisfaction qu’un seul coup avait suffi. Elle rangea tranquillement son arme et dit d’une voix forte.

- Une bonne chose de faite. Et estimez-vous heureuse que je n’en fasse pas des rillettes de votre caniche à la con ! En tout cas, en voilà un qui ne m’empêchera plus de lire le journal !

Puis elle se leva  et sortit du café comme si de rien n’était. Personne ne s’interposa.

8 avril 2009

L’enterrement (gballand)

A une amie qui s’étonnait de ne pas la voir pleurer - comme la coutume le veut - le jour de l’enterrement de son mari, elle répondit d’une voix sèche.


- Au moins, maintenant, je sais où il est ce cavaleur !

7 avril 2009

Le poisson rouge (gballand)

- Maman, maman, l’aquarium est vide, mon poisson rouge a disparu !
Sa mère le regarde un peu gênée ; le visage de l’enfant est  blanc comme la craie, décomposé.
Elle ne sait vraiment pas comment elle va lui expliquer. Elle fixe un instant le bleu du ciel, le bleu lui a toujours donné de l’inspiration.
- Eh bien tu sais, les poissons rouges, ça ne vit pas longtemps. Je l’ai retrouvé mort dans le bocal, ce matin.
- Mais on venait de l’acheter.
- Oui, je sais, mais il était peut-être déjà vieux, je n’ai pas eu son certificat de naissance, hein !
Il la regarde du fond de ses yeux verts et elle regrette déjà sa remarque ; comment a-t-elle pu lui dire une chose aussi déplacée ? Décidément, elle ne sera jamais une bonne mère. L’enfant insiste.
- Mais quand même, on l’avait que depuis une semaine !
Elle ne sait plus quoi ajouter. Elle se mord les lèvres, regarde le bout de ses chaussures marrons et prend une profonde inspiration.
- Il est mort à cause de l’eau que j’ai mise, elle était trop chaude et il n’a pas supporté le changement de température.
L’enfant la regarde les larmes aux yeux et avant qu’il ne dise quoi que ce soit, elle ajoute.
- Et puis arrête de  prendre cet air de chien battu, on dirait que je suis un monstre. Allez, file dans ta chambre !

* ce texte a été écrit dans le cadre d'une consigne des "imporomptus littéraires"

5 avril 2009

Les dessous de la politique (gballand)

– Voilà ce que je leur ai dit dans mon discours politique Élisabeth : « La société a changé, il faut savoir que dorénavant, seul le marché nous guide. », c’était même l’axe principal, dit-il à sa femme, installée confortablement dans un fauteuil Louis XV près de la cheminée.
– Et ça a marché ?
– Bien sûr Élisabeth que ça a marché. Ils croient tout. Il suffit de leur parler des contraintes du marché. Le mot marché allié au mot contraintes provoque des miracles, mieux que Lourdes, ces deux mots expliquent tout.
– Sans rien expliquer... ajoute-t-elle.
– Bien sûr sans rien expliquer. D’ailleurs il n’y a rien à expliquer. Nous vivons dans une société de marché où règne la loi du marché et nous devons tout faire pour favoriser le marché. C’est simple. Pas d’espoir sans le marché, on me l’a assez répété à Sciences Po.
– C’est simple le marché, lui répond-elle, souriant vaguement. Tiens, approche-toi chéri, parle-moi du marché et des pauvres qui n’ont pas accès au marché en me déshabillant devant la cheminée, lui dit-elle d’une traite.
– Tu veux que je te parle d’économie de marché en te déshabillant ? Hésite-t-il dans son costume trois pièces qu’aucun transport en commun n’a fripé.
– Oui chéri, s’il te plaît, fais-moi plaisir, le marché ça m’excite, c’est tellement dynamique, mouvant, hystérique ; la Bourse, les actions, les OPA, les profits, les mouvements de capitaux, et puis les pauvres, ça excite ma compassion, les pauvres, lui dit-elle en se levant et en s’approchant de lui.
Il remarque, en propriétaire satisfait, que le tailleur ajusté qu’elle porte lui moule parfaitement le corps. Maintenant il est debout devant la cheminée, dubitatif, ne sachant que faire de l’invitation de son épouse. Il a énormément de travail, le dossier des retraites, l’impôt sur la fortune, le statut des heures supplémentaires dans les conventions collectives. Il n’a certainement pas le temps de la prendre – pourquoi est-il si vulgaire ? - avec tout ce que cela suppose de préliminaires et de post-liminaires. Il se dit qu’il pourrait peut-être joindre l’utile à l’agréable, rentabilité oblige. Elle commence à lui caresser les cheveux.
– Allez Flavien, s’il te plaît. Je sais qu’il n’y a pas de temps à perdre. Le temps c’est de l’argent et la politique c’est gérer l’argent de l’économie. Je sais tout ça mon Flavien, tu me l’as assez répété. Mais le nerf de la guerre c’est l’homme et si l’homme ne satisfait pas ses besoins primaires, le système économique s’enraye, tu le sais ça !
– Élisabeth, ma chérie, je te propose un marché : on s’occupe du nerf de la guerre et en même temps, je te parle de mon dossier retraites que je dois présenter dès demain en conseil des ministres.
Elle fait une mine boudeuse mais comme il lui a déjà dégrafé son soutien-gorge, ce n’est que pure forme, elle peut difficilement espérer jouer d’égal à égal, et surtout … il y a tellement longtemps que ça n’est pas arrivé !
– D’accord Flavien, tes désirs sont les miens, mais surtout Flavien, prends ton temps. Ce dossier des retraites doit être bien préparé sinon c’est ta retraite à toi, qu’on va t’annoncer au plus vite. Et puis c’est important les retraites, il faut y mettre du savoir-faire, de la passion même.
– Ne t’inquiète pas Élisabeth, dit-il en enlevant sa veste, son gilet et son pantalon et en les repliant sur le fauteuil Louis XV. Alors tu veux le dossier des retraites sur le tapis devant la cheminée ?
– Oui, devant la cheminée. Ça ne nous est jamais arrivé n’est-ce pas ? Tu ne trouves pas ça excitant de parler des quarante deux annuités et de l’indexation des retraites, nus devant la cheminée ?
– Merveilleusement excitant, dit-il en l’allongeant maladroitement sur le tapis persan ramené d’une mission en Irak destinée à encourager Saddam Hussein à plus de transparence dans ses relations avec l’Occident. S’il n’avait pas vu Saddam Hussein, il avait au moins rapporté ce tapis !
Tout en caressant machinalement le corps de sa femme, il lui parle de la faillite du système de retraite par répartitions et de la nécessité d’une mixité des cotisations. Plus ses arguments se précisent et structurent son discours, plus ses doigts se font adroits et précis, comme si le corps de sa femme était devenu l’enjeu du chantier politico-économique français.
– Les retraites sont terriblement excitantes Flavien, dit-elle haletante, et les annuités, parle-moi des annuités. Il faut les faire durer non, je suis sûre qu’il faut les faire durer le plus longtemps possible...
– Oui, il faut que ça dure, il faut que ça dure longtemps, lui dit-il d’une voix rauque en réfrénant son élan afin d’éviter justement que tout ne s’achève et ne fasse capoter un système précaire.
–  Et pour les faire durer, reprend-elle le corps arque bouté, qu’est-ce qu’il faut Flavien ?
– Il faut du courage, Nom de Dieu ! S’exclame-t-il, galvanisé par son marathon politique et son repas pantagruélique du midi  - terrine de saumon, coquelet au vin, pommes sur lit d’airelles, fromages, gratin de fruit à la fine champagne, le tout arrosé d’un Cahors millésimé - mais épuisé par son léger basculement sur le côté droit.
Il essaie de reprendre une posture plus confortable qui lui évite les courbatures et continue son va et vient économico-sensuel
– Il faut exploiter toutes les possibilités du système. Ne rien laisser au hasard. Notre tissu économique et social nécessite savoir-faire et doigté.
– AH !
Légèrement perturbé par le cri de sa femme, il se remet néanmoins à l’ouvrage en bon énarque formaté par de longues années de synthèses et de rapports.
– Et ces quarante et une annuités du privé, nous les transformerons même en 45 annuités et pourquoi pas en quarante sept et calculées sur les trente meilleures années, et nous alignerons le public sur le privé, et nous cesserons d’accorder aux femmes un an de cotisation par enfant, et nous exigerons une cotisation pour une retraite complémentaire de la part de tous les salariés du privé et du public, s’exalte-t-il dans une pose conquérante.
– Flavien, Flavien, Flavien ! Continue s’il te plaît, continue.
– Et nous améliorerons les avantages fiscaux pour les retraites complémentaires. et nous diviserons le public et le privé pour assurer notre marge de manœuvre dans l’optique d’un épanouissent des marchés financiers et…
– Oh Flavien, Flavien c’est merveilleux, attend encore un moment, je t’en supplie !
– Élisabeth, j’arrive à la fin de mon exposé, je ne peux pas m’arrêter comme ça ou tu vas me retirer tous mes effets. Sache que ma position n’est pas des plus aisées et avec la journée que j’ai eue… réussit-il à grimacer.
– J’ai une idée Flavien, et si tu suggérais le suicide obligatoire à partir de 70 ans pour une certaine catégorie de salariés, les pauvres par exemple, et les classes très moyennes, articule-t-elle d’une moue sensuelle. Oh Flavien, Flavien, dis-moi oui, je t’en prie, dis moi oui !
A ces mots, Flavien décolle son corps moite de celui d’Élisabeth et pousse un rugissement.
– Oui Élisabeth, mais bien sûr, c’est ce qu’il manquait à l’équilibre du système, la loi de l’euthanasie préventive, c’est plus consensuel que le suicide obligatoire. C’est oui Élisabeth, oui, oui, OUI, OUI …
Son éructation guerrière s’accompagne de la jouissance valeureuse d’Élisabeth et leurs corps épuisés par les contraintes du marché roulent sur le côté. 

4 avril 2009

Comment disparaître ? (gballand)

Vous en avez assez de votre vie qui dévide inexorablement son écheveau de chagrins et d’amertumes ? Vous voulez fuir votre mari –  votre femme ? -  et vos enfants qui, jour après jour, vous tendent le miroir d’une vie insipide ? Vous voulez en finir avec vous mais vous ne voulez pas vous suicider ?
Ne désespérez pas. Une solution existe : disparaître  !
Consultez Frank Ahearn
, qui fera l’impossible pour que vous disparaissiez proprement, sans laisser de traces…
Mais au fait… suffit-il de disparaître pour être un(e) autre ?

3 avril 2009

J'ai honte et je suis triste (MBBS)

Fahad Khammas est irakien, demandeur d’asile politique en Suisse et acteur d’un film « la forteresse » * illustrant le séjour et les conditions de vie des requérants d’asile en attente du jugement de leur demande.

Cet homme vient d’être expulsé de Suisse après avoir été traité comme un criminel de la pire espèce : isolement complet dans une cellule avec privation de visites, de douche, de téléphone, de sorties en plein air, limitation du droit de visite de sa mandataire juridique et vitre séparant tout contact physique avec ses visiteurs. Lors de son expulsion, menottes aux pieds, aux mains, sanglé aux cuisses et au bras, escorté par des policiers il a été mis dans un avion spécialement affrété.

Son crime ?  Une demande d’asile et son refus véhément de partir  ?

Ses torts ? Avoir été soutenu par ses amis, par 6000 courriels envoyés à la ministre de la justice Mme Widmer-Schlumpf, par Amnesty International et l’organisation mondiale contre la torture ?

Mon sentiment. Un profond malaise choquée que je suis par des méthodes dignes de régimes totalitaires et extrémistes. Je me pose la question de savoir si je vis vraiment dans un pays démocratique accueillant (sic) en son territoire des organismes et ONG humanitaires.

 

Aujourd’hui, j’ai honte et je suis triste.

 

* réalisé par Fernand Melgar

3 avril 2009

Malentendu (gballand)

A la fin – conclut-elle énervée -  j’en ai eu marre et j’ai mis un terme à notre conversation ;  parce que je ne lui avais parlé pour qu’elle me parle d’elle, mais pour parler de moi !

2 avril 2009

Je n'ai rien vu… (gballand)

Installé sur le fauteuil du salon, il avait l’air pensif. Son journal était posé sur ses genoux mais  il ne le lisait pas. Elle, comme tous les soirs,  rangeait une ou deux choses dans la salle avant d’aller se coucher.
- Tu connais cette citation d’Erik Satie, lui dit-il soudain :
« Toute ma jeunesse on me disait : vous verrez quand vous aurez cinquante ans. J’ai 50 ans, je n’ai rien vu. »
- Non, je ne la connais pas ; pourquoi ?  Je devrais ?
- Non, je disais juste ça parce que moi aussi j’ai cinquante ans.
- Oui je sais et alors ?
- Et alors ?  Eh bien moi non plus je n’ai rien vu !
- Tu n’as qu’à ouvrir les yeux, lui répondit-elle énervée. Quand je pense que  tu n’arrives même pas à voir le fromage dans le frigo alors qu’il est devant ton nez ! A ce stade, c’est grave. C’est trop facile de toujours se plaindre !
Il préféra ne rien répliquer et reprit son journal. Parler avec elle n’avait jamais mené nulle part. Il le savait  pourtant, mais il s’obstinait depuis 20 ans. Quel imbécile il faisait !

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