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Presquevoix...
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31 décembre 2008

Mes non-vœux ( gballand )

v_lo3A quoi servent les vœux ? A rien, si ce n’est à perpétuer des rites. Remarquez que je n’ai rien contre les rites : les rites rassurent.

Mais soyons lucides :  y a-t-il vraiment des raisons d’espérer en ce dernier jour de l’année 2008 ?

L’espoir produit chez moi l’inverse de l’effet désiré : il me fait désespérer davantage. Les hommes qui ont espéré - souvent en vain -  me rappellent ces sapins nus, échoués sur le trottoir des grandes villes après les fêtes. Plutôt qu'espérer, je crois que nous devrions cultiver " l'ici et maintenant ".

Alors, le soir du réveillon, pendant que chacun se souhaitera des vœux "sincères", je ne souhaiterai rien à personne et méditerai cette phrase de Shopenhauer « Après ta mort, tu seras ce que tu étais avant ta naissance. »

Certains se poseront peut-être des questions sur mon état de santé psychique et se demanderont si je ne ferai pas bientôt partie de ces malades qui surchargeront les urgences des hôpitaux… mais non, je crois pouvoir affirmer que je  vais relativement bien.

Pourtant, est-il bien sage de faire totalement confiance à un diagnostic que l’on a établi soi-même sur soi ?

* photo de C. V. prise cet été en Bretagne

30 décembre 2008

Le chien ( gballand )

Sa cravate était aussi pourpre qu’un coucher de soleil*, et son visage aussi blanc que le lavabo d’un appartement témoin. Il était devant son patron, les yeux vides de tout expression. Fuir ou affronter ; il avait choisi d’être là, mais il subissait comme il avait toujours subi.

- Alors, qu’est-ce que vous dites pour votre défense ?

Il ne répondait rien. Son patron continua.

- Vous ne dites rien ?
- Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Rétorqua-t-il d’une voix blanche.

Aucun argument pour sa défense. Il avait obéi à une pulsion, c’est tout. Oui, c’était bien lui et il s’en foutait.

- Pourquoi vous avez étranglé ce chien qui ne vous a rien fait ?

Il avait hésité  avant de répondre à son patron… et puis la réponse avait surgi comme une évidence.

- C’était votre chien ou vous !

* Phrase de Dashiell Hammet, lue dans la nouvelle  Trop ont vécu

29 décembre 2008

Comme d'habitude ( gballand )

Il la regarde à la dérobée et sait pertinemment qu'elle lui dira  qu'elle est désolée, une fois de plus. Cinq minutes plus tard, elle lui enverra une remarque assassine, comme si de rien n'était. Puis elle lui demandera " Tu ne m'en veux pas ? " de sa petite voix doucereuse ; et pour finir elle le suppliera de faire l'amour avec elle. Et il s'exécutera ; l'imbécile !

Demain matin, il faudra qu'il descende à la cave pour voir si ses deux valises sentent le moisi…

28 décembre 2008

La question ( gballand )

Ils étaient tous deux installés  dans son nouveau bureau qui donnait sur l’Eglise St Germain. Ils sirotaient un café et fumaient un cigare quand Hervé lui dit.

- Tu veux que je te dise Paul, tu manques de rondeur !
- Moi ? Je manque de rondeur ?

Il avait pensé  toute la journée à cette phrase de son ami. Il était du genre obsessionnel, névrosé obsessionnel, et quand on lui faisait une remarque qui touchait à un trait de sa personnalité, il ne pouvait s’empêcher de la ressasser jusqu’à épuisement.

En  fin d’après-midi, il s’était assis sur un banc près de l’Eglise St Germain,  pour réfléchir à « ça », quand un clochard lui avait demandé.

- T’as pas un euro ?
- Non ! répondit-il excédé, je manque de rondeur.
- Putain, t’en as vraiment rien a foutre des pauvres !

Il le regarda l’air mauvais. Le clochard  était noyé dans sa crasse et dégageait une odeur d’urine  insupportable. Il lui demanda malgré tout.

- Et qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
- T’as du fric et t’en donne pas !
- Par principe !
- Alors l’humanité c’est pas dans tes principes ?

Il  se leva brusquement, lui tendit un euro et partit.

- Y’en a qui manquent de rondeur ! Gueula le clochard.

Connard, pensa-t-il. Il regrettait déjà d’avoir donné son euro à un type qui irait le boire aussitôt au lieu de s’acheter à manger. Il s’éloigna à grandes enjambées et se perdit dans la foule. Alors qu’il marchait vers Saint Michel, une jeune femme l’aborda pour lui vanter les mérites d’une ONG.

- Je  donne jamais aux associations qui font du démarchage dans la rue, précisa-t-il.
- Ah bon, pourquoi ?
- Par principe !
- Les principes, c’est la mort assurée ! Lui rétorqua-t-elle en souriant.
- Vous trouvez que je manque de rondeur ?
- De rondeur, je ne sais pas, mais de générosité, sûrement !


Espèce de conne !  Dit-il tout bas. Comment se permettait-elle de le juger ? Cette rencontre l’avait énervé, et sa réaction aussi, pourquoi en vouloir à cette fille ? L’émotion qui montait en lui l’inquiéta, il se sentait presque au bord des larmes.

Et s’il manquait vraiment de rondeur ? Et s’il avait tout faux ?

27 décembre 2008

Alors, t’es prête ? (texte de gballand )

Ça faisait maintenant trente minutes qu’elle était dans la salle de bain et elle ne sortait toujours pas.

- Alors, t’es prête ? Lui cria-t-il à travers la porte. Je te rappelle que ma mère n’aime pas qu’on arrive en retard. Midi, c’est midi !

Elle répondit énervée.

- Ça fait quarante ans que je ne suis prête à rien ! Quant à ta mère, elle m’emmerde avec ses névroses !

Quand elle était de cette humeur, il  préférait ne rien dire, mais cette fois-là il eut le malheur d’ajouter.

- On dirait que tu prends un malin plaisir à nous faire arriver en retard à chaque fois qu’on va chez elle. Je me demande  qui est la plus névrosée des deux !

Il entendit un rugissement et la porte de la salle de bain s’ouvrit avec grand fracas. Ce qu'il vit l'inquiéta et depuis ce jour-là, il se méfiait d'elle…

26 décembre 2008

A vous! (MBBS)

Une coutume enivrante

Veut qu’avec une nouvelle année

Des vœux de bonheur, de joie et de chance

Soient semés non pas à tout vent dans la voie lactée

Mais plutôt à celles et ceux qui nous sont chers malgré la distance.

 

De ce poème fait de bric et de broc

Laissez-moi vous souhaiter

Non pas cadeaux et affaires loufoques

Mais amitié, affection, attachement des êtres aimés

Tendresse, bonté, entente avec vos proches

Sans oublier paix et espoir d’un mode meilleur.

 

Par ces vœux et ces souhaits sincères,

Par cette petite lettre virtuelle, courrier éphémère

Qui ne sera qu’une étoile parmi d’autres,

Je vous envoie des mots, tout chauds, tout doux

Pour vous remercier d’être vous

 Pour vous remercier de votre amitié si précieuse

 

Bonne nouvelle année

Qu’elle vous apporte du bonheur et des moments de joie

 

26 décembre 2008

bonheur

" Il ne faut pas avoir peur du bonheur. C'est seulement un bon moment à passer."

Romain Gary

25 décembre 2008

Le cinéma de Noël (texte de gballand )

- Qu’est-ce qui vous a pris ? Vous êtes indécent*,  chuchota-t-elle en lui enlevant la main qu’il avait placée sur sa cuisse, comme un propriétaire en terrain conquis.

Il retira sa main immédiatement. On ne l’y reprendrait plus ! Au café, elle l’avait aguiché en passant sa langue plusieurs fois sur ses lèvres  entrouvertes. Elle avait même donné un vibrato sensuel à sa voix, et maintenant qu’il lui mettait la main sur la cuisse, dans l’obscurité de la salle de cinéma, elle faisait la prude ! Il y en a qui méritaient vraiment de tomber sur des goujats, se dit-il.

A la sortie du cinéma, quand elle lui demanda s’il voulait boire un verre chez elle parce qu’elle était seule le soir de Noël, il lui rétorqua.

- Je n’ai plus l’âge de croire au père Noël, moi ! Vous voulez que  je vienne chez vous pour  ensuite m’accuser de viol ? Vous vous foutez de ma gueule ou quoi ?

Elle fondit en larmes, sortit son mouchoir pour se sécher les yeux, mais il resta de marbre et lui dit “ Adieu mademoiselle ”, de cet air rigide qu’il savait si bien prendre quand il le fallait.

* phrase extraite de  la fuite de M. Monde  de George Simenon

24 décembre 2008

pensée du jour (gballand)

On n'est jamais mieux asservi que par soi-même !

23 décembre 2008

Je ne monterai pas ( texte de gballand )

cercueilPour se donner de l’assurance, il avait crié à l’employé du funérarium.

- Non, je ne monterai pas dans mon cercueil !

L’homme avait paru surpris, ce devait être la première fois qu’on lui résistait en 20 ans. Il ne comprenait pas. D’habitude, tous s’exécutaient, sans discuter. Il regarda l’homme qui lui faisait face, l’air incrédule. Le cercueil qu’on lui avait choisi avait pourtant de quoi émerveiller le premier mort venu : l’intérieur était en velours blanc chatoyant, le ciel de lit était capitonné et l’imbécile ne voulait pas y entrer. L’employé n’était pas prêt à céder, il ne voulait pas que son avancement en  pâtisse.

- Vous allez monter tout de suite ou j’appelle du renfort !
- Non, je ne monterai pas !
- Vous êtes têtu. Il faut que vous vous rendiez compte que votre heure est venue et qu’il n’y a plus rien à faire pour vous ! Votre cas a été examiné par la Haute Autorité.

Mais lui ne se sentait pas le moins du monde dans la peau d’un mort. Pourquoi  l’obliger à s’asphyxier dans ce cercueil qu’on lui avait choisi ? Ils n’avaient qu’à en faire mourir un autre, un plus vieux. Lui avait à peine 40 ans, il aimait sa femme, ses enfants, son travail : c’était injuste !


- Merde, hurla-t-il, vous n’avez pas le droit !
- Vous n’arriverez à rien avec moi en criant, répondit l’employé contrarié, vous croyez que vous êtes le seul à ne pas vouloir mourir ?
- Je me fous des autres. C’est moi qui m’intéresse !
- Peut-être, mais il y a des lois !
- Vous n’avez aucune humanité !
- Je fais mon boulot.
- C’est bien ce que je dis !
- Montez ou vous le regretterez, lui fit l’employé d’une voix de dompteur.

Le mort le prit très mal. Il traversa le funérarium, courut vers la porte qui donnait sur la rue, l’ouvrit en faisant retentir violemment la sonnette, mais au moment où il traversa la rue, une voiture arriva et le percuta de plein fouet. L’employé murmura satisfait : « Maintenant il n’y a plus aucun doute, c’est bien  lui qu’on attend ! »

* photo vue sur ce site

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