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Presquevoix...
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16 décembre 2008

Le modèle ( texte de gballand)

Il était arrivé à l'atelier  avec son carton  à dessin sous le bras et son âme en bandoulière ; la séance de dessin lui permettrait peut-être de se vider la tête. Ce jour-là le modèle était un homme nu, allongé, le visage impassible. Il ne l'avait encore jamais vu à l'atelier. Il s'installa sur la chaise, sortit son fusain et déplaça légèrement le chevalet.

Avant de commencer, il regarda autour de lui, l'atmosphère était studieuse. Il finit par poser les yeux sur le modèle, mais les rabaissa aussitôt, le visage empourpré. Trente secondes plus tard, il releva les yeux pour les rabaisser à nouveau ; le modèle était toujours en érection. Il tripota son fusain nerveusement, replaça la feuille sur le chevalet,  releva les yeux pour contempler le visage du modèle, mais aucune émotion ne s'y lisait, il le constata d'un rapide coup d'œil ; par contre, son sexe était toujours dressé. Son cœur battait si vite qu'il eut peur de faire un malaise. Il fallait qu'il se ressaisisse et commence à élaborer quelque chose sur sa feuille, des formes simples, histoire de chasser son trouble et de se donner une contenance

Il prit quelques inspirations profondes et se força à regarder le modèle. Tout était redevenu normal et le sexe reposait tranquillement comme un animal inoffensif. Sa main  tremblait sur la feuille et les lignes qu'il traçait ne ressemblaient à rien ; n'allait-il pas passer plus de temps à gommer qu'à dessiner ? Il respira à nouveau, tenta de crayonner, mais le cœur n'y était pas. Etait-il le seul à être gêné ?


Il leva à nouveau les yeux vers le modèle et lui trouva des hanches étrangement étroites ; son buste était presque imberbe, quant à son sexe, il semblait vouloir se dresser à nouveau. Comment ce type pouvait avoir autant d’érections ? Il était  prêt à tout ranger et à partir quand sa voisine de droite lui souffla.

- C'est la première fois ?
- Oui, répondit-il en rougissant.

Et c'est à ce moment-là qu'il se rendit compte que, oui, c'était la première fois, qu’il ressentait un tel trouble devant la nudité d’un homme.

Commentaires
V
La chair est faible lorque le regard la stimule -
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G
Il est vrai que le "fusain" que l'on tripote... je ne m'en étais même pas rendue compte, mais c'est vraiment de ça dont il est question.<br /> Il est des "fusées" qui se mettent sur orbite tardivement ... hum !
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G
Valériane : la chair n'a-t-elle pas toujours été faible ?<br /> <br /> Latil : Quel dommage de laisser une oeuvre inachevée !
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D
"Il tripota son fusain nerveusement"... Comme Dominique, j'ai été interpellée par cette phrase et l'image qu'elle suggère... Mais j'ai l'esprit mal tourné, tu le sais !...
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D
"Il tripota son fusain nerveusement" : le ver était dans le fruit, le fusain allait se transformer en fusées...
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