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5 octobre 2008

« Chers » voisins ( texte de gballand )

Je vous écris parce que je suis à bout. Le médecin vient juste de sortir de chez moi ; il a diagnostiqué une dépression sévère. Déprimé ? Moi ? Je n’arrivais pas à le croire.

Depuis que vous vous êtes installés ici, dans cette maison mitoyenne de la mienne, ma vie a changé : deux années  sombres, pour ne pas dire noires. Dès que vous êtes arrivés – et j’ai maudit ce jour - je vous ai surnommé : Monsieur, Madame et l’Adolescent hirsute !

Comment ai-je supporté que Monsieur sorte les poubelles le mardi, le jeudi et le samedi matin, à grand renfort de couvercles et de porte claqués ; que Monsieur, encore lui, m’impose son bricolage le samedi, aux aurores, avec un choix de scies, de perceuses et de visseuses toutes aussi sonores les unes que les autres ; que Monsieur, toujours lui, tonde longuement et méticuleusement sa pelouse à 14 heures, le dimanche, alors que le règlement  stipule que la tonte ne peut commencer qu’à 16 heures.

Comment ne pas déprimer quand Madame interpelle son fils du rez-de-chaussée alors qu’il est au deuxième et joue  de la guitare avec des « bouchons » dans les oreilles, quand Madame, encore elle, apostrophe Monsieur du jardin pour un oui ou pour un non, en « gueulant », HERVE !!!, de sa voix suraiguë.

Comment survivre  quand l’Adolescent hirsute qui ne peut être que votre fils, fait hurler sa guitare électrique avec une constance remarquable, à des heures où les gens respectables se mettent au lit ? Jimmy Hendrix n’a-il jamais  de devoirs  à faire ? Ne connaît-il pas l’usage du livre ? Ignore-t-il  le respect d’autrui ?

Et pour finir, comment dormir, quand le couple que vous formez – et que vous n’auriez jamais dû former, croyez-en  l’avis d’un voisin éclairé par deux ans de vie presque commune avec vous  – se traite de noms d’oiseaux pour un oui ou pour un non, en ayant soin de rester au plus près de la cloison qui sépare nos deux chambres afin que j’entende tout en stéréophonie ?

Je pense que vous  pourrez comprendre, mes « chers » voisins, que l’homme que je suis, solitaire et discret, ne vous supporte plus, au point que ce « bonjour », que je me forçais  à vous adresser mécaniquement chaque jour, me soit devenu odieux et ne puisse plus passer la barrière de mes lèvres. Me croiriez-vous si je vous disais que récemment, des idées de meurtre m’ont même traversé l’esprit ?

J’ai préféré vous écrire - vous comprendrez aisément que la parole m’aurait desservi -  pour vous supplier de changer vos habitudes afin d’éviter un « carnage » qui ne ferait que troubler le voisinage.

Votre voisin déprimé.

PS : texte inspiré par ce site qui vous permet de trouver des voisins à la hauteur de vos espérances… mais aux Etats Unis.

4 octobre 2008

Le cauchemar (gballand)

Elle prend son petit déjeuner, l’œil éteint, quand son mari entre dans la cuisine et lui demande.
- Bien dormi ?
- Non, j’ai passé une nuit épouvantable, j’ai rêvé qu’il y avait des inondations, j’étais les pieds dans l’eau et je me demandais si j’allais en réchapper.
Il laisse passer un silence et  lui dit.
- Ben au moins, t’es contente de te réveiller !
Elle sourit. C’est vrai,  la  réalité a parfois ses avantages...

3 octobre 2008

Le catalogue du Vieux Campeur (gballand)

Il était étendu sur le lit et tournait les pages du catalogue du Vieux Campeur pendant qu’elle regardait son feuilleton quotidien à la télévision ; elle n’en ratait jamais aucun épisode.
Soudain elle cria.

- Arrête de tourner les pages, tu m’énerves.

Il continua comme si de rien n’était, trop occupé par son prochain achat : une tente igloo qui supporterait des températures de moins 20 degrés pour sa randonnée du mois de juin.

- Arrête avec ces pages je te dis !

Il leva les yeux de son catalogue et la regarda un instant. Elle était assise sur son fauteuil, la tête légèrement penchée, buvant les paroles de «  héros » sclérosés, interprétés par des acteurs au jeu navrant.  Il ne put s’empêcher de lui dire.

- Je me demande comment tu  fais pour supporter cette daube tous les soirs ! Moi, ça me fait gerber, et pourtant, je n’ai pas fait d’études littéraires ! Ah toi, la randonnée, le camping, les grands espaces, la toundra, l’aventure avec un grand A… ça te passe au-dessus de la tête, tu préfères t’abrutir avec ce feuilleton à la con !… Parfois, je me demande pourquoi on vit ensemble !

Elle resta silencieuse. Elle n’allait pas gâcher la fin de son feuilleton pour lui dire son fait. Ses sarcasmes, elle allait les lui faire avaler un à un au moment de la publicité. Tiens, pour commencer, elle lui parlerait de la visite impromptue de sa « chère » mère cette après-midi. Quand il saurait  qu’elle avait l’intention d’arriver avec arme et bagages dès la semaine prochaine pour rester dans leur chambre d’ami, et ce, pour une période indéterminée, ça lui ferait un choc ! Sa toundra et sa steppe, il n’était pas prêt d’y mettre les pieds !
Par contre elle, elle ne se disait pas non à un petit voyage en solitaire…

2 octobre 2008

Si j'étais un ange. (MBBS)

Les nuages filent à toute allure et j’aimerais parfois être un ange pour, de mon nuage, observer ce qui se passe alentour, aider dans la mesure du possible mais aussi prendre le temps de vivre.

Si j’étais un ange, je pourrais surfer sur les vagues du cumulonimbus et m’adonner ainsi à ce sport de glisse  sans risque de me retrouver à terre, les fesses en l’air, les genoux et les poignets endoloris par la chute qui ne manquerait pas de survenir…

Je pourrais paresser sur mon blanc hamac ouaté en toute quiétude, sans me dire que j’ai plein de choses importantes à faire…

Je pourrais voyager de Suisse en Afrique, d’Afrique en Asie, d’Asie en Australie, d’Australie en Amérique sans devoir montrer patte blanche aux frontières et sans polluer la planète…

Je pourrais chanter à tue-tête, faux bien sûr mais avec tout mon cœur, sans me soucier des voisins et de mes enfants qui se boucheraient les oreilles en me faisant comprendre que je devrais me taire…

Je pourrais faire coucou aux baleines et aux dauphins et les prévenir de l’arrivée des chalutiers permettant ainsi à ces espèces menacées de fuir…

Je pourrais surveiller la banquise qui se fracture et avertir les ours polaires de changer de territoire…

Je pourrais dénoncer les bateaux qui purgent leurs réservoirs en mer provoquant ainsi des nappes polluantes et désastreuses pour le faune et la flore marine…

Oui, je pourrais tout cela si j’étais un ange…mais…je n’en suis pas un et je vais continuer à regarder les surfeurs avec envie, tracer sur ma longue liste les tâches effectuées, voyager dans ma tête, siffler au lieu de chanter et pester contre l’incohérence des hommes face à notre belle nature !

Quant au hamac, j’en ai un beau mais je ne sais pas où l’accrocher, c’est bête hein !

2 octobre 2008

Et vous, qu’est-ce que vous voulez faire avant de mourir ? (gballand)

Voici une question qui ne peut laisser personne indifférent. Déjà penser à sa mort ce n’est pas drôle, mais penser à ce qu’on voudrait faire avant de mourir et qu’on ne fera sans doute pas, c’est encore moins drôle.
Certains répondront sérieusement, d’autres exécuteront une pirouette et retomberont sur leurs pieds de vivants alors que d’autres encore sombreront dans la dépression…

Mais tout ça ne me dit toujours pas ce que je voudrais faire avant de mourir … Zut, je ne trouve rien. Ah si, avant de mourir j’aimerais bien pouvoir toucher ma retraite ! Pas la peine de demander autre chose, je suis la reine de la procrastination ! Quant à ma retraite, je me demande même si je la toucherai un jour parce que, s’il m’est difficile de compter sur moi-même, je crois qu’il est encore plus difficile de compter sur l’Etat, surtout en ce moment, où l’Etat est dans tous ses états !

En tous cas, si vous n’avez pas d’idées sur ce que vous voulez faire avant de mourir, regardez ce que veulent faire les autres, c’est ici.

1 octobre 2008

C’était elle ( texte de gballand )

- Pourquoi me regardez-vous comme ça* ?
- Je ne sais pas moi…  parce que je vous trouve belle !
- C’est ça, foutez-vous de moi en plus, je ne vous dirai rien ! Et elle lui tourna le dos ostensiblement.

Il n’avait jamais rencontré une fille aussi piquante, au sens propre, mais il préféra ne pas lui répondre, faire comme si de rien n’était, et la suivre du regard à distance. Elle ne devait pas être de ces filles qui se laissent engluer dans le miel d’un discours. Il survola le rayon littérature étrangère sans la perdre des yeux.

Belle, elle ne l’était pas au sens classique du terme, mais elle avait touché son âme. L’expression peut paraître grave, mais c’est de ça qu’il s’agissait. Elle avait soulevé une petite pierre, là, au creux de l’enfance, et ce qu’il y avait sous la pierre venait de sortir de l’ombre.

Elle alla au rayon BD, il la suivit ; elle se dirigea vers le rayon CD, il lui emboîta le pas, mais elle stoppa net au milieu du rayon DVD et fit volte-face.

- Vous n’avez rien de mieux à faire que de me suivre ?
- J’ai décidé de vous consacrer ma journée.
- Vous m’avez demandé mon avis ?

Il parut surpris, ne répondit rien et elle continua.


- Il faut toujours demander aux femmes leur avis ! La prochaine fois, vous saurez !

Et elle le planta sur place sans qu’il ait eu le temps de lui dire qu’elle ressemblait à la femme qu’il aurait voulu aimer.

* phrase extraite d’une nouvelle de Jacques Sternberg « La Bifurcation »

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