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Presquevoix...
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24 août 2008

Le cadeau de vacances

coq_barcelos

Quand il était en vacances, il achetait toujours un cadeau à sa mère, souvent laid, exprès ; il ne pouvait  s’en empêcher. Non pas que sa mère ait été plus mauvaise mère qu’une autre, mais  il voulait l'encombrer, la gêner, allez savoir pourquoi !

Après 15 ans de vacances dans les endroits les plus divers, il  se souvenait de presque tous les cadeaux qu’il lui avait faits. Elle les avait acceptés sans se plaindre, et même l’avait à chaque fois gentiment remercié. Certains étaient d’ailleurs exposés, comme des trophées,  dans les différentes pièces de sa maison. Les sortait-elle de la cave lorsqu’il lui rendait visite trois fois par an ?

Le premier cadeau de la série, il l’avait acheté  en Espagne, à Malaga, ville hideuse s’il en est, hérissée d’immeubles, qui déroulait sa disgrâce le long de la côte sud. En se promenant dans la vieille ville,  il s’était  arrêté dans une boutique de souvenirs rafraîchie par un ventilateur qui tournait avec un bruit abominable. La ventilation aidant – il faisait 40 degrés à l’extérieur – il était resté 15 minutes dans la boutique et s’était presque cru obligé d’acheter un souvenir pour justifier une présence aussi longue : il opta pour une bouteille en forme de toréador que sa mère avait toujours dans son buffet depuis 10 ans.

Puis vinrent le phare bleu pétrole de Concarneau, les trois sets de table avec le coq de Barcelos, La petite lampe de chevet – sans doute le cadeau le plus laid – en  coquillages de Noirmoutier, l’assiette avec la basilique de Lisieux, Le bol de Paimpol avec son prénom – Jacqueline – peint en bleu, le rond de serviette – dont elle n’avait nul besoin puisqu’elle mangeait la plupart du temps en tête-à-tête avec elle-même – avec trois cigales roses, du Lavandou, le plateau avec les vaches normandes, d’Etretat, et il y en avait eu bien d’autres…

Son dernier cadeau – et c’était bien le seul qui ait eu cet effet-là – l’avait légèrement indisposée. Il l’avait remarqué à la petite crispation de sa mâchoire. Il lui avait acheté, à Majorque, un immense chapelet avec des grains si gros qu’ils avaient la taille de mirabelles. Sa mère avait juste dit.

- Merci Bertrand, c’est gentil de ta part, mais tu sais que je n’ai plus de place pour mettre tous tes cadeaux.
Il avait souri en concluant.
- Tu sais maman, ça me fait plaisir de te faire plaisir.

Commentaires
G
Je n'avais encore jamais rencontrer cette "espèce"-là : les gens qui refusent les cadeaux ! A voir...<br /> Merci pour le renseignement au sujet du village espagnol.
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A
Le coq de Barcelos : magnifique bestiole. Je n'en ai pas rapporté à ma mère parce que je déteste les gens qui n'acceptent pas les cadeaux. Refuser un cadeau, c'est ouvrir une blessure, c'est déclencher une Vendetta,c'est un affront, c'est l'irréparable !<br /> <br /> P.S. cette histoire de coq qui a défendu sa patrie est également revendiquée par un village espagnol de la région de Compostelle.
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G
C'est ce qu'on appelle tenir compte du goût des autres, pas facile lorsque l'on fait un cadeau !
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A
J'ai un jour ramené à ma grand-mère un horrible mazagran avec un chamois dessus. Je me souviens l'avoir trouvé très laid (j'avais 10 ans) mais comme je trouvais tous ses bibelots très laids, je m'étais dit qu'il lui plairait. Je crois que ce fut la cas.
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G
Le cynisme est ma seconde nature, mais je dois me surveiller pour ne pas être totalement "contaminée"...
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