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Presquevoix...
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26 juin 2008

Faire des listes

C’est à cause de cette putain d’histoire que je me suis mis à faire des listes. Non, ne partez-pas, restez, j’ai peur. Si vous  restez avec moi, je vous promets que je suivrai vos conseils. Je me suis aperçu par hasard que faire la liste des courses stabilisait mes humeurs : Thé, café, sel, moutarde, lait, fromage, pâtes soja, thon etc… je pouvais enfin avoir  des certitudes dans ce foutu merdier.  Très vite, la liste des courses m’a plus suffi, j’ai dû en trouver une autre. Alors j’ai fait la liste de mes défauts, j’avoue que j’ai pas eu de mal à la  rédiger ! Il m’a suffi d’en écrire un  pour accoucher tous les autres : paresse, tristesse, impolitesse, faiblesse, bassesse, gourmandise, mensonge, orgueil, colère, envie…. Mais cette liste-là non plus n’a pas suffi, j’en voulais toujours plus pour conjurer mes angoisses, et j’ai fait la liste de ce que je déteste : ranger, saluer, parler en public, engager la conversation avec une femme, écouter les fadaises de ma voisine, faire du sport, travailler, téléphoner à mes parents… Et ce qui devait arriver arriva : plus je faisais des listes, plus j’avais besoin d’en faire, j’étais devenu  listo-dépendant ! Je sais qu’il y a  des dépendances plus graves, mais je commençais à avoir peur que mon imagination se tarisse : j’en étais arrivé à devoir établir deux listes par jour pour ne pas sombrer. Et qu’est-ce qu’il  se passerait si j’arrivais plus à faire de listes ? Et puis le drame arriva  et je suis tombé gravement malade. La dépression s’est installée pour  plus me quitter. J’errais dans mon appartement en débitant mes anciennes listes à voix haute, mais elles me faisaient aucun effet, un peu comme d’anciennes maîtresses que vous revoyez pour pas crever de solitude, mais question émotions, rien ! Mon appartement est même devenu un « gueuloir » de listes ! Les voisins se plaignaient du bruit, et la concierge a fini par appeler ma femme qui m’avait quitté six mois plus tôt. L’humiliation !
Non, ne vous levez-pas, ne partez pas, je vous en prie, si vous partez, je vais me retrouver tout seul et je sais que je me supporterai pas… Vous voulez que je prenne les comprimés maintenant ? Vous dites que ça serait plus raisonnable ? Moi je veux bien, mais j’ai pas envie de remplacer une dépendance par une autre… enfin puisque vous insistez… mais je vous demande une chose, une seule, si ma femme se présente, dites-lui que je veux pas la voir, parce que si j’en suis là, c’est bien à cause de cette salope, alors qu’elle aille se faire foutre !

Commentaires
G
Non, nous sommes partie prenante de notre propre folie...
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C
violent comme texte<br /> mais une seule personne ne peut être tenue pour responsable de notre folie
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Presquevoix...
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