Le 23 juillet 2012
Le 23 juillet 2012, je m’en souviens comme si c’était hier. C’était une journée qui avait bien débuté, soleil, chaleur et un petit air de vacances dans la ville aux rues désertées. Même si mon congé estival pointait le bout de son nez et que je n’avais pas de projets précis, je ne m’en faisais pas trop, espérant que le hasard allait me guider ou me donner la chance que mes moyens financiers ne me permettaient pas d’espérer. Je pédalais le long du Rhône, sur des quais déserts vu l’heure matinale. Le nez au vent, je fermais les yeux, n’enivrant des parfums ambiants quand soudain, la roue avant de mon vélo se prit dans des pavés irréguliers. Déséquilibrée, je chutais en un magistral vol plané qui m’envoya directement dans le fleuve. Le choc avec l’eau fut brutal et paniquant. Le courant m’entraina rapidement et pas moyen de m’accrocher le long des parois des quais, lisses à mon grand désespoir. Je criais mais qui allait m’entendre. La panique commençait à me submerger quand je vis en face de moi un bateau. Vous savez, ces petits yachts, blancs, racés, suffisamment spacieux pour y vivre, avec une plage arrière style mini-salon de plein air. Oh ! sur le moment, je ne notais pas tout cela, j’avais d’autres chats à fouetter. Le vue de ce bateau me fit espérer un sauvetage en bonne et due forme vu que l’accès aux quais restait aléatoire. Le capitaine du bateau me vit et dirigea rapidement son embarcation vers moi. Il me lança une bouée, je m’y accrochais et il me tira jusqu’à lui. Je pus monter par la plage arrière et m’écroulais, dégoulinante, les cheveux plaqués, les habits collés et collants, bref dans un état pitoyable, mais saine et sauve. Le capitaine, un peu goguenard, ne disait rien, il attendait que je parle en premier. Mon souffle récupéré, je pus enfin le remercier.
- Vous m’avez sauvé la vie, merci.
- Oh, y’a pas de quoi, en principe, j’attrape du poisson, c’est la première fois que je ramène une sirène.
Et en plus, il a de l’humour, me suis-je dit. Il en avait d’autres comme ça ?
- Une sirène, hm, si on veut ! J’ai pas vraiment le look pourtant, pas de cheveux longs blonds, ni de queue qui frétille…lui lançais-je.
- C’est vrai mais de l’humour à ce que je vois !
Il me tendit un linge.
- Tenez et si vous voulez, vous pouvez aller dans la cabine, il y a un peignoir, sur votre droite, vous pouvez le mettre en attendant de faire sécher vos habits.
Je ne sais pas si vous avez déjà essayé d’enlever des habits mouillés mais ce n’est pas facile, c’est lourd, ça colle, ça coince, bref, c’est galère. Quand je suis remontée sur le pont, mon beau capitaine (j’avais omis de vous signaler que mon sauveur était le genre d’homme qui me fait craquer, pas trop grand, le cheveu grisonnant, juste ce qu’il faut pour que cela reste charmant, un regard franc avec des ridules au coin des yeux, la peau tannée par le grand air) m’offrit un breuvage coloré en me disant.
- Ça va vous remettre d’aplomb après ce plongeon.
Cette journée qui avait failli mal tourner promettait des rebondissements intéressants et je ne fus pas déçue je vous l’assure, je m’en souviens comme si c’état hier…