Le café du Cora
Voilà quatre matins que mon mari et moi allons prendre notre café au « café du Cora ». On connaît déjà les habitués en quatre jours. Eux aussi nous connaissent, mais moins, forcément : nous les observons plus qu’ils ne nous observent ; un journal est un bon paravent. J’ai surtout remarqué Daniel – c’est comme ça que les autres l’appellent – un grand échalas de deux mètres au moins, à la veste jaune et à la démarche inclinée ; il ressemble à M. Hulot. Un habitué du demi de rosé de 1O heures 15. Daniel est bavard, très bavard, il faut dire qu’il répète la même chose trois fois de suite - avec quelques motifs différents d’une fois sur l’autre - alors bien sûr, ça rallonge chacune de ses interventions. Au programme des "cénacles matinaux" auxquels Daniel participe, il y a la lecture des faits divers du Parisien et leur analyse. Et puis, au bout d’une demi-heure, le rosé avalé, l’œil brillant et la curiosité rassasiée, Daniel part. Il va travailler, si j'en crois sa tenue...