Marcher dans la
neige, raquettes aux pieds, la fouler, la balayer, admirer la magie que cette
poudre blanche confère au paysage et en jouir pleinement…
Sentir la
puissance de cet engin qu’est la motoneige, glisser sur les chemins sans
pouvoir admirer le paysage vu la concentration que cela me demande, faire
abstraction du bruit et de la pollution le temps d’une heure de plaisir
enfantin…
Découvrir la
meute de chiens du traineau, les caresser tout en étant quand même un peu inquiète
de leur aboiements, fous qu’ils sont de pouvoir s’élancer, découvrir un mythe
en touriste gâté car sans contrainte, rire quand le traineau manque de verser
dans un virage en pente, découvrir que même chez les chiens, il y a ceux qui
tirent et ceux qui font semblant, réaliser tout le travail que le musher* fait avant,
pendant et après, découvrir tout cela dans la paysage grandiose du parc naturel
de la Mauricie…
Pénétrer dans
les coutumes et le monde respectueux et légendaire des amérindiens canadiens,
marcher sur leurs pas, constater le respect qu’ils vouent à la nature, les
animaux et la terre nourricière, se poser des questions sur ma façon de les
respecter à mon tour, découvrir un peuple invisible** qui lutte pour que les
autorités reconnaissent et redonnent ce à quoi ils ont droit, avoir
envie de tester la cabane de sudation (ancêtre de la sauna humide mais dans le
sens de se débarrasser de ses impuretés de l’année pour renaître), humer
l’odeur dégagée par le tapis de branches de sapins qui recouvrent le sol de
leurs maisons longues, se laisser bercer par leurs chants accompagnés du son du
tambour…
Apprécier la
convivialité de tous ceux qui nous ont accueillis et chouchoutés, se laisser
dorloter se laisser aller, les pieds contre le foyer, le livre sur les genoux
et la bière rousse et locale à portée de main…
Retrouver
Montréal et vivre à nouveau une tempête de neige, regarder tomber les
flocons, entendre le
« cris-cris » des pas sur la neige foulée, s’en mettre plein les
bottes et ressembler à une bonne-femme de neige après une brève promenade, dire
au revoir à ce froid mordant, ce climat qui me convient bien, cette luminosité
que la neige provoque même sous un ciel chargé, réaliser que c’est la fin d’une
belle histoire trop courte mais si intense, envie de revenir bientôt…
Arrivée sur le
sol helvétique, se faire accueillir par un contrôleur de sécurité qui m’aboie
contre et me confisque mes flacons de sirop d’érable achetés au Duty free de
Montréal mais ne passant pas l’interdiction des liquides de l’aéroport de
Zurich alors que je suis en transit pour Genève et avoir déjà la nostalgie du
« ça fait plaisir » québécois et de leur sourire…
*musher : conducteur du chien de traineau
** « le monde invisible » film documentaire
québécois de Richard Desjardins sur le peuple amérindien.