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Presquevoix...
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11 janvier 2008

Je jouis donc… je suis ?

jouissezVoilà un verbe – le verbe JOUIR - que M. Sarkozy, en narcissique implacable,  ne  conjugue qu’à la première personne ! Tous les Français connaissent sa haine de mai  68, où les slogans proposaient à tout un chacun de  jouir et de dire merde aux empêcheurs de jouir : Jouissez sans entraves ! pouvait-on lire sur les murs…
Avec Sarkozy, c’est vrai, on est à des années lumières de mai 68 ! Lors de ses vœux à la presse, nous l’avons encore vu à l’œuvre dans ses « éjaculations verbales ». Il n’y a que lui qui ait le droit de jouir – les autres, les journalistes notamment, doivent savoir faire abstinence ; Ah comme il jouit quand il entend les rire des journalistes à ses plaisanteries navrantes ou quand il est poursuivi du feu des appareils photos lorsqu’il se met en scène avec Clara Bruni ! Comme il jouit d’être regardé de la France entière et même, de  la terre entière, et même du pape, qui est déjà un peu au ciel, et même… de Dieu, peut-être ?
Pauvre petit homme mortel qui se croit grand, mais ne cherche que l’objectif des caméras afin de se repaître de son image projetée sur les écrans du monde …

* photo de Henri Cartier-Bresson, Rue de Vaugirard, Paris, Mai 1968.

* Je vous conseille la lecture du texte « Je rêverais d’un président … » de Y.S. limet      sur le site http://remue.net:80/spip.php?article2578

10 janvier 2008

Questions-réponses.

- Maman, c’est quoi le mot le plus long ?
- Hm, voyons…anticonstitutionnellement.
- Quoi ?
- Anticonstitutionnellement
- Ca veut dire quoi ?
- Que c’est contre la constitution.
- Et c’est quoi la constitution ?
-Oh ! là, là, j’ai un peu de peine à te l’expliquer…
- Et le mot, anti…anti…constitusoleillement ?
- Ce n’est pas tout à fait cela, mais c’est joli d’y mettre du soleil. Essaie : anti…consti…tutionnellement.
- Anti…consti…tu…soleillement
-Bon, on va le garder ce soleil, après tout, c’est plus joli. Et tant pis pour l’autre qui ne veut pas se faire apprivoiser.
- Dis maman, tu cherches un autre mot compliqué ?
- Voyons, attends un peu…Tiens, un mot que j’ai lu sur une affiche visiblement destinée aux jeunes : superhypermégacool.
- Ca veut dire quoi, que c’est trop cool ?
- J’imagine mais je ne vois pas pourquoi en plus du cool, il faut rajouter super, hyper et méga ! Cela doit être une façon d’en augmenter l'amplitude, donner l’impression que c’est « branché ».
- Ca veut dire quoi « branché » ?
- Ca pourrait dire « être cool ».
- Et toi maman, t’es cool ?
- Ben…

10 janvier 2008

Pourquoi arriver en retard ?

Je n’arrive jamais en retard aux rendez-vous, sans doute la peur de ne pas être attendue… J’attends et pour passer le temps de l'attente, je pense, je lis et je rêve d’un monde où je n’attendrais plus… Et si j'arrivais en retard ? Il faudrait alors que je fasse un effort  pour partir en retard ; mais à quoi bon m’imposer cet effort inutile alors que j’en ai tant d'autres – peut-être plus utiles - à faire  que je ne fais pas ?

9 janvier 2008

Histoire d’une fin

Marcher dans la neige, raquettes aux pieds, la fouler, la balayer, admirer la magie que cette poudre blanche confère au paysage et en jouir pleinement…

Sentir la puissance de cet engin qu’est la motoneige, glisser sur les chemins sans pouvoir admirer le paysage vu la concentration que cela me demande, faire abstraction du bruit et de la pollution le temps d’une heure de plaisir enfantin…

Découvrir la meute de chiens du traineau, les caresser tout en étant quand même un peu inquiète de leur aboiements, fous qu’ils sont de pouvoir s’élancer, découvrir un mythe en touriste gâté car sans contrainte, rire quand le traineau manque de verser dans un virage en pente, découvrir que même chez les chiens, il y a ceux qui tirent et ceux qui font semblant, réaliser tout le travail que le musher* fait avant, pendant et après, découvrir tout cela dans la paysage grandiose du parc naturel de la Mauricie…

Pénétrer dans les coutumes et le monde respectueux et légendaire des amérindiens canadiens, marcher sur leurs pas, constater le respect qu’ils vouent à la nature, les animaux et la terre nourricière, se poser des questions sur ma façon de les respecter à mon tour, découvrir un peuple invisible** qui lutte pour que les autorités reconnaissent et redonnent ce à quoi ils ont droit, avoir envie de tester la cabane de sudation (ancêtre de la sauna humide mais dans le sens de se débarrasser de ses impuretés de l’année pour renaître), humer l’odeur dégagée par le tapis de branches de sapins qui recouvrent le sol de leurs maisons longues, se laisser bercer par leurs chants accompagnés du son du tambour…

Apprécier la convivialité de tous ceux qui nous ont accueillis et chouchoutés, se laisser dorloter se laisser aller, les pieds contre le foyer, le livre sur les genoux et la bière rousse et locale à portée de main…

Retrouver Montréal et vivre à nouveau une tempête de neige, regarder tomber les flocons, entendre le « cris-cris » des pas sur la neige foulée, s’en mettre plein les bottes et ressembler à une bonne-femme de neige après une brève promenade, dire au revoir à ce froid mordant, ce climat qui me convient bien, cette luminosité que la neige provoque même sous un ciel chargé, réaliser que c’est la fin d’une belle histoire trop courte mais si intense, envie de revenir bientôt…

Arrivée sur le sol helvétique, se faire accueillir par un contrôleur de sécurité qui m’aboie contre et me confisque mes flacons de sirop d’érable achetés au Duty free de Montréal mais ne passant pas l’interdiction des liquides de l’aéroport de Zurich alors que je suis en transit pour Genève et avoir déjà la nostalgie du « ça fait plaisir » québécois et de leur sourire…

*musher : conducteur du chien de traineau
** « le monde invisible » film documentaire québécois de Richard Desjardins sur le peuple amérindien.

8 janvier 2008

Comment savoir…

- Comment savoir ce qu’on ne sait pas* ?
Il avait toujours l'art de poser des questions qui lui paraissaient soit stupides, soit décalées et dans le cas présent, elle hésitait. Que répondre à ça ? Elle le regarda avec colère, puis avec condescendance et finit par lui dire :
- Débrouille-toi !
- C'est facile pour toi ! laissa-t-il tomber.
Elle eut envie de lui dire que non, pour elle rien n'était facile, bien au contraire, qu'elle compliquait tout, qu'elle n'avait jamais su faire la part des choses, mais à quoi bon, il ne l'écouterait pas et continuerait son chemin en ajustant ses œillères pour mieux ignorer ce qu’elle lui disait. Non, décidément il était trop borné pour qu'elle engage une discussion avec lui. Elle se contenta de lui rétorquer :
- On ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif !
Ce à quoi il répondit :
- Je n'en attendais pas moins de toi ! Tu as toujours eu l'art de remettre les gens à leur place !
Tout était maintenant réuni pour qu’ils reprennent leur dispute là où il l’avait laissée la veille, au moment où il lui avait dit qu’elle lui cachait certainement quelque chose.

* phrase tirée de la nouvelle de Tourgueniev « Le journal d’un homme de trop »

7 janvier 2008

Le premier pas

2006_06_11_001Il n’y a que le premier pas qui compte

Et le dernier

Entre, le baiser fugace de la vie.

* Photo gentiment prêtée par  R. B.

6 janvier 2008

Je vous EMM...

NB : ce texte est une pure fiction et le personnage du narrateur, comme les  personnages secondaires, ne sont que le « fruit » de mon imagination.

Cette vieille que j’aurais voulu exciser avec les dents à cause de ses coups de pieds incessants dans la tablette fixée à mon siège*, c’était  certainement une conne de  bourge  mandatée par l’Oeil  pour me faire chier. J’étais crevé après mon séjour d’un mois aux Etats Unis où j’avais passé presque toutes mes nuits dans des Greyhounds qui dégueulaient la carcasse de misère de l’envers du rêve américain.
Je m’étais retournée plusieurs fois vers la vieille, les yeux furibards, mais rien à faire, elle comprenait rien, une autiste ou je m’y connaissais pas. Il  valait mieux pas que je lui adresse la parole où elle allait morfler toute la rage que j’éprouvais contre ces vieux bourges qui se dorent le cul en vacances alors que les jeunes cons dans mon genre traînent le désespoir de leurs errances pitoyables. Bientôt on atterrirait à Roissy et j’allais retrouver mes études minables qui déboucheraient sur un boulot minable dans une boîte non moins minable. J’étais dans  une école inférieure de commerce*  qui m’emmerdait royalement ; oui, je sais, cette appellation, ça fait aigri, ça fait looser, ça fait le mec qu’on rattrape par l’élastique du slip pour qu’il se suicide pas de désespoir, et alors ? Qu’est-ce que ça peut vous foutre ?
Mais pour quoi j’étais dans cette galère ? Je m’en voulais de pas être capable de me tirer de cette taule de nazes qui puait les bilans et le management. Qu’est-ce que j’en avais à foutre du management alors que je savais même pas me manager moi-même ! Trois ans à me traîner dans un univers flippant où je rasais les murs et où je crevais de solitude. Même pas une fille pour me donner envie de m’envoyer en l’air et d’oublier que j’en bavais ; toutes les mêmes petites connes en uniforme, avec le portable à la main et l’esprit borné en paquet cadeau ; sans parler des mecs qui me faisaient gerber avec leur assurance de jeune cadre même pas moyen. Putain d’école ! et tout ça à cause d’eux ! C’est eux qui m’avaient dit "Si on te paie des études, c’est pour que ça serve à quelque chose, on va pas te payer des études pour que tu sois au chômage !" Les pauvres nazes, ils voyaient même pas que ce système pourri les rongeait jusqu’à l’os sans jamais rien leur donner, à part la laisse qui les attachait à leur vie de chien  !
J’avais qu’une envie, être jamais sorti du ventre de ma mère ; qu’est-ce qu’elle avait eu besoin de mettre un chiard de plus au monde ? Le jour où ils avaient baisé, ils auraient eu mieux fait de mettre une capote et j’en serais pas là, à gémir comme une nana sur ma vie de con ! J’avais qu’une envie, cracher ma haine de cette société qui me donnait rien, à moi qui attendais tout d’elle, parce que j’arrivais pas à faire le deuil de la tétine défoncée à laquelle je m’accrochais comme un malade. J’avais vraiment qu’une envie : en finir une bonne fois pour toutes. Et partir.

* cette phrase, lue sur le blog lerockuptible, est publiée avec l’aimable autorisation de son auteur.

5 janvier 2008

Supprimer ses mauvais souvenirs ?

Un article lu dans le journal Le Monde, il y a un mois, disait que des travaux scientifiques étaient en cours afin de pouvoir supprimer les mauvais souvenirs.
Je m’imagine, allongée sur un divan, les yeux fermés, énumérant les mauvais souvenirs que je souhaiterais voir disparaître… Aïe aïe aïe, il y en a tellement et qu’est-ce que ça fait mal de les voir tous défiler devant soi au garde à vous…   Maintenant, si je devais en choisir un seul – oui, je sais, c’est complètement idiot, pourquoi me torturer alors que l’on pourra peut-être tous les supprimer ; mais je suis ainsi faite, un supplice plutôt qu’un délice ! - lequel je choisirais ? Difficile… peut-être celui-ci ou celui-là ou encore celui-là…
Mais à vrai dire, plutôt que les supprimer, je préfèrerais les peindre pour leur donner les couleurs que je n’ai pas su trouver avant…

4 janvier 2008

La chevelure

Il ne pouvait pas sortir sans avoir passé une demi-heure à coiffer ses cheveux noirs, c’était presque maladif. Tout devait être parfait, chaque cheveu devait trouver sa place. Il commençait par les démêler, puis il les peignait,  ensuite il les mouillait légèrement, il les repeignait, puis il les mouillait à nouveau… pour en arriver à l’étape finale : quelques touches légères de gel qui fixaient les trois ou quatre cheveux rebelles que le peigne n’avait pu dompter.
Son réveil sonnait chaque matin à 6 heures pour qu’il puisse partir au travail à 07 h 30 précises. Il se trouve que le 30 novembre, pour la première fois de sa courte vie – il n’avait que 30 ans - le réveil ne sonna pas. Il se leva en catastrophe à 07 h 20, passa 2 minutes dans la salle de bain, au lieu de la demi-heure habituelle, prit un café rapide et, au comble du désespoir, enfonça sur sa tête un bonnet qu’il ne quitta pas de la journée.
Ses collègues se montrèrent surpris mais ne firent aucun commentaire, son visage peu engageant les en dissuada. Seule Sandrine, une jeune stagiaire espiègle qui prenait tout à la légère, tenta une plaisanterie. Voyant qu’il ne réagissait pas, elle finit par toucher son bonnet en lui disant que ça portait certainement bonheur, comme le pompon des marins… bien mal lui en prit, il lui donna un coup de poing qui l’envoya rouler au sol, le nez en sang.
Depuis ce jour là, ce n’est plus un réveil qui sonne chaque matin, mais 6, toutes les dix minutes entre 5 h  et 6 h, pour éviter tout nouveau stress. Le seul problème qui le préoccupe, maintenant, ce sont ses nuits, hantées régulièrement par un visage tuméfié qui se penche au dessus de son lit comme une mauvaise fée.

3 janvier 2008

Nostalgie

waitingboat

Quand la nostalgie  hisse les voiles,

les mariées quittent le port

sur l’écume de la première chimère…

* photo prêtée par R. B.

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