Une histoire. Suite 4
Elle ramasse la missive,
remonte chez elle et la dépose délicatement sur la table basse du salon, à côté
des autres. Elle n’enlève pas tout de suite son manteau et se dirige vers la
cuisine car le chat, qui l’attendait derrière la porte réclame à grands cris sa
pitance.
- T’es bien impatient !
Elle pose son sac sur la table,
en sort le lait, en verse un peu dans une coupelle qu’elle prend dans le
placard et la dépose sur le sol. Le chat se met à laper rapidement, puis
s’installe plus confortablement et continue par petits coups de langue qui
font gicler quelques gouttes sur ses moustaches. De temps en temps, il
s’arrête, lisse son museau avec sa langue et se remet à boire.
Satisfaite, elle met en place
ses courses et prépare un peu de viande hachée qu’elle dépose à côté de la
coupelle de lait. Le chat se jette dessus et dévore tout en un rien de temps.
Finalement, repus et heureux, il s’étire, lui jette un regard de reconnaissance,
se dirige lentement vers le salon, grimpe sur le divan et se met à faire sa
toilette.
Elle l’a suivi. A le voir
prendre ses aises, elle rit.
- Ne te gêne pas Minou, tu as
raison, profite de l’instant présent, on ne sait jamais de quoi sera fait le
lendemain.
En prononçant ces mots, ses
yeux se voilent l’espace d’un bref instant, elle soupire.
- C’est pas tout mais il faut
que je retrouve tes maîtres.
Elle retourne se poster vers la
fenêtre et continue sa conversation avec cet interlocuteur à quatre pattes.
- Tu sais il fait frette*
dehors, je ne suis pas sûr que tu aurais tenu le coup. Demain, je m’en vais
mettre des affiches dans le quartier et chez le dépanneur du coin. Mais demain
est un autre jour et je dois avouer que je suis contente de t’avoir ce soir.
Elle se retourne, le chat lèche
sa fourrure à grands coups de langue, s’arrête, la regarde et reprend sa tâche.
- Bon, ben c’est à mon tour de
me préparer quelque chose à manger.
Quand elle revient au salon un
peu plus tard, elle trouve le chat endormi, en boule sur le divan. Elle
s’assied à côté de lui, caresse délicatement son pelage. Le chat ne bouge pas
mais un ronronnement répond à sa place. Elle reprend une à une les lettres au
papier bleu, les regarde, les examine et se retient de les ouvrir. Elle attend
elle ne sait quoi et ses pensées s’envolent vers ce supposé expéditeur.
*frette : très, très
froid.