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Presquevoix...
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24 juin 2007

J'attends l'Homme !

- J’attends l’Homme ! Voici ce qu’elle m’a répondu lorsque je lui ai demandé ce qu’elle faisait, assise sur les marches du palais de justice, trempée des pluies de printemps. Je n’ai pu m’empêcher de lui dire bêtement
-  De quel homme tu parles ? 
- J’attends l’homme, et tant que je ne l’aurai pas trouvé, je ne partirai pas d’ici ! Fit-elle en se levant et en se campant  devant moi. Sa réponse et sa posture n’admettaient aucune réplique.
A vrai dire, je la connaissais mal, c’était juste une collègue que je croisais de temps à autre dans les couloirs du lycée. Nos relations se limitaient à un bonjour, quelques brèves considérations sur les élèves et un au revoir ! J’avais bien entendu quelques rumeurs ici ou là à son sujet, mais rien de grave.
- Ne me dis pas que tu ne l’attends pas, toi  ? Reprit-elle avec détermination.
- Mais pourquoi j’attendrai « l’homme » alors  qu’il n’existe pas !
C’est à ce moment-là qu’elle a commencé à me regarder d’une façon étrange et  j’ai compris qu’elle n’était pas dans son état normal. Il est vrai que j’aurais pu m’en apercevoir plus tôt, et que j’aurais aussi pu faire semblant que tout était normal. J’aurais très bien pu lui dire, pour la rassurer, que moi-aussi je l’avais  longtemps attendu, mais que j’avais baissé les bras, ou qu’il fallait être patiente ou que… Mais je n’ai pas su ! Certains appelleraient ça un acte désespéré de retour  à la réalité.
La pluie  lui avait plaqué ses mèches blondes sur le front et je n’avais même pas eu le réflexe de lui offrir un abri sous mon parapluie. Quand j'ai voulu le faire, elle  a refusé net.
- Je ne me mets pas sous le même parapluie qu’une femme qui me fait l’affront de me dire que j’ai tort de faire ce que je fais !
J’ai essayé de rattraper ma réplique malheureuse, mais je me suis enfoncée misérablement.
- Enfin Myriam, je voulais juste te dire qu’il y avait des hommes et pas l’Homme ! L’Homme n’existe pas, tout comme la Femme, d’ailleurs !
A cet instant, elle a fait une chose que je n’aurais pas même imaginée. Il faut dire qu’elle était à un mètre de moi et que j’aurais difficilement pu anticiper son geste. Elle m’a donné une gifle tellement forte que non seulement j’en ai été déséquilibrée, mais que j’en ai eu le souffle coupé. En rentrant chez moi, une demi-heure plus tard, j'ai vu, dans la glace qui trône dans l’entrée, que j’avais la marque de sa main dessinée sur ma joue gauche.
Le lendemain, ma joue gardait toujours le souvenir de Myriam, mais Myriam n’était pas au lycée…

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