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Presquevoix...
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24 février 2007

Depuis le lever terne...

Depuis le lever terne de ce jour tiède et trompeur, des nuages sombres, aux contours mal découpés, rôdaient sur la ville oppressée. La chaleur écrasait la poitrine de Maria qui, couchée sur son lit, passait une serviette humide sur son visage. Elle était nue, seule, à se tourmenter, son corps appelant sans cesse les caresses qui ne venaient plus, les mains douces de celui qui savait si bien apaiser.

Déjà un mois depuis la dernière lettre, un mois à imaginer le pire, à tenir coûte que coûte, à repousser les angoisses qui l’empêchaient de se lever pour débuter une journée qui serait identique aux autres, une journée d’attente, encore et toujours, une journée à guetter le facteur, une journée à nourrir la maisonnée, à être à l’écoute des autres, à s’abrutir de travail pour ne pas penser à lui. Où était-il ? Comment allait-il ? Les lettres passaient mal et arrivaient avec des semaines de retard, comment savoir s’il était mort ou toujours à se battre ? Son cœur à elle pourrait-il cesser de battre en même temps que le sien, si une balle ou un obus le fauchait comme tant d’autres ?

La sueur coulait en petites rigoles entre ses seins, ses cheveux roux et bouclés étaient humides et collaient sur ses tempes et sa nuque. D’une main lasse, elle les releva et les arrangea en soleil autour de sa tête. Il avait eu ce geste tendre dès leur première nuit, elle s’en souvenait encore si bien. Au loin, le tonnerre grondait, allait-il enfin pleuvoir ? Son cœur grondait aussi, à sa façon. Elle ne comprenait pas cette guerre qui emportait les hommes loin de leur foyer, elle n’acceptait pas la légitimité d’un conflit qu’elle jugeait inutile. Son radio-réveil s’enclencha et diffusa des informations qu’elle n’avait pas envie d’entendre alors sa main se posa sur l’appareil et l’éteignit. A ce moment, un éclair déchira l’air, le tonnerre roula par-dessus la ville et la pluie libératrice fut enfin lâchée. Violente, elle tapa sur le velux en un bruit sourd et terrifiant. Tommy se réveilla en hurlant, Maria enfila sa robe de chambre et se précipita dans la chambre de son fils, une nouvelle journée commençait, une journée comme les autres…ou presque.

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